Immigration : Les Hautes-Laurentides comme terre d’accueil

  • Publié le 1 déc. 2025 (Mis à jour le 3 déc. 2025)
  • Lecture : 3 minutes
Alejandra Martinez los de son enfance au Mexique.
Photo gracieuseté – Alejandra Martinez
Alejandra Martinez los de son enfance au Mexique. Photo gracieuseté – Alejandra Martinez

Alors que de nouveaux arrivants s’installent en nombre croissant dans la région, L’info s’est entretenu avec Alejandra Martinez, née au Mexique, et Mathieu Ladouceur, agent diversité chez Zone Emploi, afin de discuter de l’intégration des personnes immigrantes.

« Il y a quatre ans, on accompagnait environ 10 nouveaux clients immigrants par année. Depuis les trois dernières années, on a une moyenne de 75 nouveaux clients », partage Mathieu Ladouceur, agent de projet Mobilisation-diversité chez Zone Emploi. Notons qu’en 2021, on comptait 514 personnes immigrantes résidant dans la MRC d’Antoine-Labelle sur un total d’environ 36 000 habitants.

Selon M. Ladouceur, la majorité des nouveaux arrivants dans la région provient de pays francophones, notamment du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne, ce qui facilite leur installation en raison des exigences linguistiques. Une importante communauté hispano-américaine, présente depuis plus longtemps dans la région, continue également de s’y établir. S’ajoutent à cela plusieurs conjoints et conjointes de Québécois, ainsi qu’un nombre limité d’étudiants. Les travailleurs temporaires œuvrant dans les usines, les garages ou encore en agriculture représentent une proportion importante de la population immigrante, tout comme les travailleurs du système de santé. Grâce à l’initiative du Train de la séduction, plusieurs s’installent dans la Rouge afin de joindre les rangs du CISSS des Laurentides : « À Rivière-Rouge, on a accueilli environ 82 personnes et leurs familles dans la dernière année », souligne M. Ladouceur.

Un accompagnement crucial

Le rôle de M. Ladouceur consiste à faciliter l’arrivée des familles : logement, école, garderie, démarches administratives, adaptation au quotidien. « Je suis là pour faciliter l’atterrissage ici. Une personne qui arrive d’un autre pays doit tout refaire : permis de conduire, téléphone, numéro d’assurance sociale, chercher un appartement… c’est énorme en peu de temps. »

Les principaux obstacles à l’intégration demeurent le manque de logements, à la fois rares et coûteux, ainsi que le coût de la vie, souvent plus élevé que ce que les nouveaux arrivants anticipent. L’hiver constitue également un choc culturel important, même pour les personnes qui s’y sont préparées. Les nuances du français québécois peuvent par ailleurs surprendre, y compris chez les francophones : « Le mot “trafic”, par exemple, n’a pas la même signification partout », illustre M. Ladouceur.

Si certaines réticences subsistent dans la population, l’accueil demeure généralement positif, en particulier de la part des employeurs et des organismes communautaires. Zone Emploi mise de plus en plus sur des activités destinées à rassembler les nouveaux arrivants, comme les cafés-rencontres, les événements culturels, les sorties découvertes ou encore les projets de réseautage. « On sent que le besoin est là, et on veut développer davantage ces services », indique M. Ladouceur.

Alejandra Martinez, fièrement « Mexicaine québécoise »

D’origine mexicaine, Alejandra Martinez est une enseignante passionnée et une entrepreneure engagée qui a trouvé sa place dans les Hautes-Laurentides.

Alejandra Martinez en compagnie de sa fille, Laïla Ayotte-Martinez. Photo gracieuseté – Alejandra Martinez

Elle a passé son enfance sur un ranch près de la petite ville de El Ajusco, entourée d’animaux et de montagnes. « J’ai grandi dans la campagne, donc c’était facile de m’installer ici », explique-t-elle. Puis, après avoir gradué en publicité et communication, elle se forge une carrière à Mexico dans l’événementiel, entre spectacles internationaux et événements sportifs. Mais la vie urbaine finit par l’épuiser. « Ça m’a rendue malade tellement c’était stressant », raconte-t-elle. Elle décide donc d’aller vivre à Monterrey, une ville mexicaine près de la frontière avec les États-Unis, où elle rencontre celui qui deviendra le père de sa fille. L’histoire la mène ensuite jusqu’au Québec en 2011. Elle s’installe d’abord à Notre-Dame-de-Pontmain avant de faire de Mont-Laurier sa ville d’adoption.

En arrivant dans la région, Mme Martinez ne parle pas un mot de français. Elle s’appuie sur un réseau d’immigrants déjà présents dans la région et suit des cours particuliers. « On avait un ami de la Chine, un des États-Unis, d’autres du Maroc… beaucoup de nationalités qui se retrouvent à Mont-Laurier, chacun avec son histoire. »

Elle apprend la langue avec enthousiasme et tombe amoureuse de son rythme et de sa musicalité. « Les gens étaient tout le temps ouverts et chaleureux. L’adaptation a été très facile », se souvient-elle.

Aujourd’hui, Mme Martinez enseigne l’espagnol et s’implique dans des projets d’intégration culturelle. Alors qu’elle travaillait chez Zone Emploi, elle a participé à l’organisation de nombreux ateliers et événements destinés aux nouveaux arrivants. En 2024, elle lance un service de traiteur mexicain à Mont-Laurier. « Je suis une Mexicaine québécoise », dit-elle, fière de transmettre sa culture tout en enracinant sa vie ici.

« Ce que j’aime de la région, c’est que nous avons tous les services en gardant la tranquillité de la campagne. Les gens sont très aimables et accueillent bien les immigrants », explique-t-elle. « J’aime aussi le fait qu’on peut pratiquer différents sports. » Vélo, kayak, paddleboard, randonnée, ski de fond, raquette… Mme Martinez en raffole! « Nous avons de aussi de très beaux endroits naturels, comme les Chutes Windigo et le Parc régional de la Montagne du Diable. » Elle conclut : « Il y a aussi une grande production de produits locaux, et c’est un endroit où l’on peut grandir de nombreuses manières. On a un beau théâtre avec plein des choix de spectacles, et aussi le Centre d’exposition pour profiter de la culture et de l’art. »

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