À l’automne, les coccinelles s’invitent

Photo: André-Philippe Drapeau Picard, Espace pour la vie
Photo: André-Philippe Drapeau Picard, Espace pour la vie

Des centaines, voire des milliers de coccinelles ont envahi votre résidence? Mais d’où diable viennent-elles? Explications.

L’info s’est entretenu avec André-Philippe Drapeau-Picard, agent de recherche à l’Insectarium de Montréal, il s’intéresse particulièrement aux relations humains-arthropodes. Il détient une maitrise en biologie.

« Comme son nom le suggère, la coccinelle asiatique Harmonia axyridis n’est pas une espèce indigène, elle aurait plutôt été introduite en Amérique du Nord, il y a plusieurs décennies. » Le spécialiste explique qu’elle a été introduite ici pour des raisons de contrôle biologique, elle devait s’attaquer aux pucerons dans les grandes cultures. C’était un geste volontaire de les importer d’Asie.

On a perdu le contrôle

« On ne pensait pas qu’elle réussirait à s’établir ici, mais ça a été le cas, elle y est officiellement depuis le milieu des années 1980. » Le spécialiste explique qu’on la retrouve désormais partout sur le territoire et qu’elle est devenue, parmi les coccinelles, l’espèce la plus commune. « On a perdu le contrôle. » Il mentionne qu’une autre espèce rivalise avec la coccinelle asiatique, soit la coccinelle à sept points. « Nos coccinelles indigènes ont pratiquement disparu. Elles font face à une compétition féroce de la part de ces nouvelles venues pour ce qui est des ressources alimentaires. »

Bien qu’elles soient bénéfiques en s’attaquant aux pucerons dans les champs, elles représentent toutefois un enjeu pour la biodiversité, explique l’agent de recherche. Une des coccinelles les plus répandues, celle à neuf points, a pratiquement disparu. « En voir une, c’est un événement en soi. »

Les changements climatiques

Les changements climatiques peuvent aussi être montrés du doigt pour une telle prolifération de l’espèce. « Nos hivers sont de moins en moins rigoureux, un plus grand nombre d’individus arrive à survivre à l’hiver. »

La raison pour laquelle on les voit en si grand nombre dans nos résidences est que cette espèce survit mal aux gels. Elles trouvent refuge dans nos maisons, ou alors dans le sol, sous l’écorce des arbres ou dans les anfractuosités rocheuses. Un grand nombre d’entre elles ne survivront pas à l’hiver. « Plus l’hiver est froid, plus les décès seront nombreux, un hiver doux fera moins de victimes. »  L’agent de recherche explique que comme l’hiver dernier a été doux, on a retrouvé, le printemps venu, un très grand nombre de coccinelles. Elles se sont reproduites pendant l’été, multipliant la population. Elles cherchent désormais à se réfugier pour l’hiver, voilà pourquoi on peut les observer dans nos demeures, souvent près des fenêtres.

Bien qu’elles soient bien au chaud, les coccinelles, privées de nourriture, ne survivront pas dans nos chaumières. « Celles qui auront élu domicile dans des endroits plus frais, tomberont en dormance et auront de plus grandes chances de survivre », ajoute le spécialiste.

En mode préventif

Afin d’éviter que les coccinelles élisent domicile chez soi, il existe quelques précautions à prendre. « Il faut s’assurer que les fenêtres soient bien calfeutrées, que les moustiquaires soient bien installées, que les portes ferment bien. Le moindre petit trou sera repéré par la coccinelle. »

Un allié, l’aspirateur?

Pour s’en débarrasser. M. Drapeau-Picard propose l’utilisation d’un petit balai et d’un porte-poussière si leur nombre n’est pas trop élevé. Si l’on en retrouve plusieurs centaines, voire des milliers, l’usage de l’aspirateur peut être utile. « En mettant un bout de bas de nylon à l’autre extrémité du tuyau, on forme ainsi un sac, on peut les récupérer plus facilement et évite de souiller le réservoir et les sacs d’aspirateurs. »

À l’attaque

Les coccinelles ont la réputation de dégager une odeur nauséabonde. « C’est vrai qu’elles peuvent puer, surtout si elles se trouvent en grand nombre ou si elles sont écrasées. » Et qu’en est-il des morsures? On entend souvent des gens se plaindre d’une douloureuse morsure de la part d’une coccinelle asiatique. Les bestioles pousseraient-elles l’audace jusqu’à nous mordre, nous qui leur avons – volontairement ou non – ouvert notre porte? « Elles ne disposent pas de ce qu’il faut pour piquer, mais ça peut arriver qu’elles mordent, elles le font quand il fait particulièrement chaud. On ressent comme une sensation de pincement, ce n’est pas très douloureux, mais ça peut surprendre. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’elles n’injectent rien. La peau restera indemne, ça ne représente aucun danger. »

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